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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 9.djvu/198

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habitans, Tatars ou Cosaques en majeure partie, se livrent à l’élève des chevaux et du bétail, que favorisent l’abondance des pâturages et la liberté du parcours, qui plaît à leurs vieilles habitudes nomades. Sur les 18 millions de chevaux que l’on attribue à la Russie, les steppes en nourrissent à peu près le quart. Les races en sont distinguées et pleines de feu. Les troupeaux de gros bétail sont de 5 ou 6 millions de têtes, et fournissent un contingent annuel aux deux autres zones, qui, entre elles deux pourtant, en réunissent 18 millions; avec les 2 millions de la Finlande et de la Pologne, c’est un total de 25 millions de bêtes à cornes pour l’empire. Le total des bêtes à laine est du double. Sur ces 50 millions de pièces, la zone méridionale en contient 12 millions, dont 8 millions de race ordinaire et 4 de race fine. Ainsi cette zone envoie en Russie, pour l’usage intérieur ou pour l’exportation, des troupeaux, des cuirs, du suif, des laines. Le sel est aussi un de ses principaux produits; le centre et l’ouest tirent une partie de leur approvisionnement en sel des provinces de Perm et d’Orenbourg, qui ont des mines de sel gemme; l’autre partie provient des steppes, dont les lacs et les marais défraient largement les pêcheries du Dnieper, du Don, du Volga, de la mer d’Azof et de la Caspienne. Chaque année, de mai à septembre, les seules salines de la Crimée expédient de 88 à 176,000 tonnes; c’est un chargement de retour pour les voitures qui apportent des grains aux ports de la Mer-Noire. Faute de communications avec le sud, les provinces du nord en font venir jusqu’à 130,000 tonnes de l’extérieur. Enfin, entre le Donetz, l’un des affluens du Don, et le Dnieper, sur la ligne de Moscou à Théodosie, existe une ressource bien autrement enviée de toute nation industrielle : ce sont des gisemens d’anthracite et de houille, dont il n’a encore été extrait que 40 ou 50 millions de kilogrammes. S’il est vrai qu’on ait aussi trouvé du charbon de terre dans l’Oural, et que de premières explorations aient fait reconnaître des bancs houillers aux environs de Kharkov et de Toula, dans le rayon même de Moscou, une pareille découverte vaut celle des gîtes aurifères de la Sibérie.

Nous ne suivrons pas la zone méridionale jusqu’à sa région caucasienne, où, sous l’action d’un soleil ardent, croissent l’olivier, le mûrier, le figuier, le grenadier, la canne à sucre, où le coton et les plantes tinctoriales réussiraient à merveille. Déjà quelques provinces musulmanes qui bordent la Caspienne, notamment celle de Derbent, cultivent la garance avec assez de succès pour en obtenir chaque année 1,500,000 kilogrammes; l’importation de la Russie n’a jamais dépassé 2 millions de kilogrammes, et on sait quelle est la part des soies du Caucase dans la fabrication des soieries de l’empire. Nous nous arrêterons avec le chemin de fer en Crimée. Sèche