Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 9.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et nue dans quelques-unes de ses parties, cette presqu’île est dans d’autres le jardin de la Russie. Ses vignobles comptent des ceps originaires de la Grèce, de l’Italie et de la France. Un autre vignoble a été planté sur les rives du Volga, près d’Astrakan, et constitué par les soins de Pierre le Grand, qui voulait que la Russie eût et fît de tout, même du vin.


IV.

Il serait superflu d’insister sur la facilité d’échanges que les chemins de fer procureront à ces trois zones. La zone centrale est aussi le centre du réseau; elle communique avec le sud par la ligne de Moscou à Théodosie et secondairement par l’embranchement sur le Dnieper, avec l’est par la ligne de Moscou à Nijni-Novgorod, avec le nord par la ligne de Moscou à Pétersbourg, avec le nord-ouest par la ligne de Koursk à Liebau, avec l’ouest indirectement par l’intersection de la ligne de Liebau et de celle de Varsovie. Les trois zones entrent ainsi les unes dans les autres pour la répartition des denrées alimentaires, des matières premières, des produits manufacturés. En même temps les frontières maritimes et les frontières de terre sont mises, par cet ensemble d’artères, à la disposition du pays tout entier pour l’écoulement au dehors et l’afflux au dedans. Si ces chemins de fer, dans la pensée du gouvernement russe, sont exclusivement stratégiques, ils servent admirablement aussi les progrès pacifiques de l’empire; on a vu quels avantages le travail agricole et industriel pourra en retirer. Le réseau n’exercera pas sans doute une action moins féconde sur le mouvement commercial intérieur et extérieur de la Russie.

Les points importans de la circulation à l’intérieur sont presque tous sur les voies fluviales. A Rybinsk, où les canaux du nord se rattachent au Volga, telle est l’affluence des arrivages et des départs durant la saison de la navigation, que le chiffre des affaires est estimé à 200 millions. Ce port, qu’on s’est plu à décorer de quais de granit, d’une bourse et de boulevards plantés d’arbres, est alors envahi par une foule extraordinaire de marchands, de mariniers, de hâleurs de bateaux, d’artisans de toutes les professions; sa population d’hiver est de 6 à 7,000 âmes; sa population d’été est de 130,000. De Rybinsk à Nijni-Novgorod et de Nijni-Novgorod à Astrakan fonctionnent plusieurs bateaux à vapeur : les uns servent au transport des marchandises et des voyageurs, les autres au remorquage. Ceux-ci font concurrence à des bateaux-machines qui, avec une ancre fixée dans le fleuve, un cabestan mû par soixante chevaux quelquefois, et un câble du cabestan à l’ancre, opèrent la