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Page:Revue des Deux Mondes - 1859 - tome 19.djvu/111

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publiée à Ballarat est reçue le jour même à Geelong et à Melbourne ; c’est une compagnie particulière établie par des Américains qui se charge du transport. Tous les jours partent de Melbourne pour les principaux placers diverses espèces de voitures et de Chariots ; le prix de la place d’un passager avec son bagage est de 26 shillings pour Ballarat, et de 79 pour Ovens ; ces deux points marquent les limites extrêmes de l’exploitation.

Tel est l’état actuel des mines. Si maintenant on est curieux de connaître la somme d’or déversée par l’Australie dans la circulation, la voici d’après les chiffres du compte-rendu officiel des colonies : en 1857, la Nouvelle-Galles a exporté de l’or pour une valeur de 223,212 livres sterling, et le Victoria pour 11,028,188 livres. Le Victoria seul, de 1851 au 15 juin 1858, a produit pour 63,107,478 livres, ce qui donne 1,577,686,950 francs d’or en sept ans. Le plus fort nugget ou lingot a été fourni par Ballarat ; il valait 9,000 livres ou 225,000 francs.

Après les sujets des trois royaumes, au milieu desquels les Irlandais et les Écossais tiennent une large place, la population qui de beaucoup est la plus considérable aux mines et dans la colonie est celle des Chinois. Nous avons déjà examiné cette question spéciale de l’immigration chinoise,[1], et nous nous bornerons à signaler un fait qui à Melbourne excitait l’intérêt par sa singularité : c’est le mariage d’un Chinois avec une Irlandaise. L’Asiatique et la jeune Européenne avaient un joli enfant, et paraissaient vivre en fort bonne intelligence. Après les Chinois viennent les Allemands. L’immigration allemande, favorisée par l’administration coloniale, qui cherchait à introduire en Australie des hommes sachant travailler la vigne, a précédé la découverte de l’or. De 1849 à 1850, un millier d’Allemands entra dans l’Australie. Aujourd’hui on évalue leur nombre à environ six mille. Ils publient à Melbourne un journal hebdomadaire. Ils ne sont pas seulement mineurs, mais jardiniers, fermiers, laboureurs. Quelques-uns d’entre eux ont des connaissances assez remarquables comme ingénieurs et naturalistes. La plupart ont conservé, au milieu de la démoralisation générale, leurs habitudes d’ordre et leurs qualités de famille ; costume et maisons, tout ce qui leur appartient a retenu le cachet de leur pays ; dans les champs, on reconnaît leurs femmes à leur air de santé et à leur coiffure nationale. Comme ils sont venus moins pour faire fortune que pour vivre, ils travaillent avec patience et régularité. Ce sont les honnêtes gens de la colonie. Le dimanche, on les voit aller aux offices, et leur grand plaisir est de se réunir pour chanter en chœur des airs de leur pays.

  1. Voyez la Revue du 1er novembre 1858.