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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 26.djvu/17

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avait plus que jamais intérêt à ménager l’orgueilleux Wolsey. Aussi lui écrivit-il en le flattant : « Monsieur le cardinal, mon bon amy, le roy mon bon père, oncle et meilleur frère, m’a escript dernièrement une lettre de sa main, me priant, autant affectueusement que faire se pourroit, que j’escrivisse à Rome pour vostre élection à pape. Desjà, avant la réception de sa lettre, je l’avois fait, me souvenant de ce que autrefois je vous ai quant à ce promis, et cognoissant le bien que ce seroit pour toute la chrestienté, et aussi pour nos communes affaires, avec la vraie amour que vous avez au dict seigneur roy et à moy. J’ai de rechef escrit comme pour chose que je voudroye le plus[1]. » Loin de souhaiter l’élection du cardinal d’York, qui lui était utile en Angleterre, Charles-Quint voulait celle du cardinal de Médicis, qu’il croyait devoir le servir mieux qu’un autre en Italie. Il donnait des espérances au premier pour ne pas l’indisposer, et il agissait en faveur du second, afin que, lui étant redevable de son élévation, il lui en montrât sa reconnaissance par son dévouement. Avant même la mort d’Adrien, il avait prescrit au duc de Sessa, son ambassadeur à Rome, d’employer, si le pontificat devenait vacant, les moyens les plus propres à y faire arriver le cardinal de Médicis. Le duc de Sessa avait à négocier cette nomination par voie d’influence ou à l’imposer par la force, suivant les procédés auxquels aurait recours le roi de France. « Vous aurez toujours égard, lui écrivait Charles-Quint, à ce que l’élection se fasse avec toute liberté, à moins que, du côté des François, on ne veuille agir par la violence : dans ce cas, vous vous montrerez avec vigueur pour nous, vous aidant à cet effet des vice-rois de Naples et de Sicile et de notre armée, ainsi que de tous les secours et autres moyens que vous aurez à votre disposition[2]. »

Avant que les cardinaux fussent complètement enfermés dans le conclave, le comte de Carpi, représentant de François Ier à Rome, vint se plaindre à eux de l’alliance que le pape Adrien avait conclue avec les ennemis du roi très chrétien, bien que le roi très chrétien n’eût rien fait pour provoquer ses hostilités, et l’accusa de s’être

  1. Mus. Britann. Vespas., c. II, f. 226, olographe.
  2. Lettres de Charles-Quint au duc de Sessa, du 13 juillet et du 14 décembre 1523. — Correspondance de Charles-Quint avec Adrien VI et le duc de Sessa, p. 192 et 199.