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Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 36.djvu/830

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des prétentions locales, pour voir ensuite introduire devant le Reichsrath de Vienne (conseil de l’empire), appelé au rôle de juge suprême, les ardentes réclamations de ces diverses nationalités.


I. — LES DIETES PROVINCIALES.

Au nombre des décrets importans promulgués le 26 février 1861 par le gouvernement autrichien, il faut compter l’ordonnance royale en vertu de laquelle les diètes provinciales de tous les états de l’empire devaient être réunies le 6 avril suivant, et le conseil de l’empire le 29 du même mois. Le rapprochement de ces deux dates révèle la pensée du gouvernement impérial. C’est par les diètes provinciales que sont nommés les membres de la deuxième chambre du Reichsrath de Vienne ; la nomination des députés devait donc former, sinon la seule, au moins la principale affaire des assemblées, dont les sessions ne pouvaient se prolonger au-delà de vingt jours. Il allait de soi que les diètes provinciales, après avoir envoyé leurs représentans au parlement viennois, ne continueraient pas leurs travaux. Ce n’était pas dans une première et si courte réunion qu’elles auraient eu le loisir d’aborder la rédaction des statuts locaux dont, le soin leur était confié. Il y eut là un premier motif de plainte pour ceux qui accusaient le gouvernement d’être trop favorable au système de centralisation. Cependant on était si impatient de voir sérieusement à l’œuvre le nouveau régime constitutionnel que les sentimens de satisfaction l’emportèrent de beaucoup sur les impressions contraires, et que dans toutes les provinces, — sans y comprendre bien entendu les pays hongrois, dont la situation exceptionnelle doit être observée à part, — les élections des membres des diètes se firent avec une remarquable tranquillité. Dans la plupart des pays situés au-dessus de la Leitha, la question électorale ne pouvait guère donner lieu à aucun débat. Les statuts provinciaux accordent en effet aux différentes classes de la population des moyens de représentation directe, et permettent ainsi aux différentes opinions de se produire. La politique du gouvernement obtint dans ces assemblées une approbation générale, et les députés qu’elles envoyèrent au Reichsrath apportèrent au ministère l’appui d’une majorité dévouée et satisfaite.

Dans la Galicie pourtant, les élections se firent avec une certaine passion, et les résultats pouvaient en être douteux. Le souvenir indélébile de la nationalité perdue n’allait-il pas profiter de cette première occasion pour dicter contre le gouvernement complice du partage de la Pologne une de ces protestations qui dégénèrent souvent en appel à la force ? Les événemens de 1846 avaient provoqué