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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 41.djvu/229

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querelles d’Allemands où s’escriment ces deux diplomates à propos de tout : traité franco-prussien, coquetteries de l’Autriche avec le Zollverein, idées autrichiennes sur la réforme fédérale, etc. On n’essayait pas de scruter le sombre état de la Pologne, qui a déjà, paraît-il, lassé le grand-duc Constantin. Quant à l’Amérique, ce n’est guère qu’aujourd’hui qu’il nous est permis d’y revenir, et heureusement nous la retrouvons en veine de nous envoyer de meilleures nouvelles. Le nord se remet visiblement de l’échec essuyé par le général Mac-Clellan. Il obtient des succès ; au lieu de succomber aux défaillances qu’annonçaient ses ennemis, il redouble d’énergie, et il va puiser dans la conscription une ressource énorme que le sud, depuis l’origine de la lutte, n’avait pas hésité à demander à ce mode de recrutement.

Ce silence général d’émotion et d’attente qu’un commencement de guerre civile en Italie avait produit parmi nous a été remarquable à l’ouverture de la session de nos conseils-généraux. D’ordinaire ceux des présidées des conseils-généraux qui exercent dans l’état les plus hautes fonctions saisissaient cette occasion pour prononcer des discours gonflés de généralités politiques qui devenaient pendant quelques jours la pâture plus ou moins substantielle de notre oisive presse. Grâce à l’Italie, cette rhétorique d’apparat nous a manqué cette année. Ni M. de Morny, ni M. de Persigny, ni ministre, ni membre du conseil privé, n’ont été d’humeur de nous parler politique. Prenons bravement notre parti de cette disette. Sérieusement, à propos de M. le ministre de l’intérieur, nous avons moins de regret à sa taciturnité politique après le bon langage administratif qu’il vient de tenir dans sa récente circulaire sur les chemins vicinaux. Il s’agissait d’établir les principes suivant lesquels sera opérée la répartition des 25 millions affectés à l’achèvement des chemins vicinaux, et sur lesquels un crédit de 3 millions est ouvert cette année au ministère de l’intérieur. M. de Persigny a fixé le mode de répartition le plus sensé et le plus équitable. Il divise son crédit en deux parts. La première constituera une subvention distribuée par portions égales entre les départemens. Dans la distribution de la seconde part, il sera tenu compte des différences qui existent entre les départemens divers sous le rapport des besoins et des ressources. Grâce au système adopté par M. de Persigny, on obtiendra toute l’équité possible dans la distribution de cette subvention variable. En effet, les allocations seront proportionnées aux sacrifices que les départemens eux-mêmes s’imposeront pour le service de leur vicinalité. Il y a deux bases d’après lesquelles peuvent s’estimer à cet égard les sacrifices consentis par les départemens. L’une de ces bases est le produit des centimes additionnels votés avec cette affectation ; l’autre est le nombre de ces centimes. La première base avait été adoptée par une loi de 1848 ; mais elle ne donne pas un résultat vraiment juste. En effet, par le vote de 1 centime additionnel tel département riche et peuplé se fait une ressource de 100,000 fr.,