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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 41.djvu/230

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tandis qu’un département pauvre ne recueille qu’un produit de 4 à 5,000 fr. En suivant cette base, la subvention n’eût pas été en rapport avec les efforts réels des divers contribuables départementaux. C’est l’égalité des efforts et des charges effectives consenties que l’on récompense, en prenant pour base non plus le produit, mais le nombre des centimes additionnels. M. de Persigny, par une sage inspiration, a choisi le dernier système, et nous l’en félicitons volontiers.


E. FORCADE.



LITTERATURE MUSICALE

PERGOLESE ET LA SERVA PADRONA.


Il vient de se passer au théâtre de l’Opéra-Comique un petit événement sur lequel il importe d’attirer l’attention des amateurs judicieux de l’art musical. Absent de Paris, je n’ai pu assister à la reprise de la Servante maîtresse, de Pergolèse, qui a eu lieu le 13 août devant un public bien étonné sans doute qu’on lui débite des vieilles sornettes de l’an de grâce 1730. Si les journaux disent vrai, il paraîtrait que l’opérette de Pergolèse aurait été assez favorablement accueillie par la génération actuelle, si profondément convaincue cependant de la supériorité de son goût et de ses connaissances sur tous les siècles passés. Ce contraste m’avait déjà frappé à la reprise de Rose et Colas, de Monsigny, que j’ai eu le tort de trouver plus jeune que son âge, mais sans que cela m’empêche de sentir le prix des chefs-d’œuvre modernes, et en rendant au talent exquis de l’auteur de Lalla-Roukh la justice qui lui est due. Pourquoi donc n’avouerai-je pas que je suis heureux d’apprendre qu’un petit ouvrage de musique dramatique qui a cent trente-deux ans de date a été reçu avec sympathie par une génération imbue de la doctrine du progrès indéfini de l’esprit humain, et qui a vu naître sur ce théâtre de ses amours tant d’œuvres ingénieuses et charmantes ? Je suis de l’avis du public et de M. le directeur de l’Opéra-Comique, qui pensent que la reprise de quelques bons ouvrages de l’ancien répertoire, combinée avec les productions de l’art moderne, est un spectacle agréable à tous et un enseignement très utile aux jeunes musiciens qui se destinent à écrire pour le théâtre. Qu’on n’oublie pas d’ailleurs que la Servante maîtresse de Pergolèse est non-seulement le premier opéra bouffe que l’Italie ait applaudi, mais que ce petit intermède, qui a charmé tous les beaux-esprits de la première moitié du XVIIIe siècle, Rousseau en tête, est le modèle qu’ont imité les fondateurs de l’Opéra-Comique, Duni, Monsigny et Grétry.

Pergolèse, dont la renommée est beaucoup plus grande en Europe que celle de ses illustres prédécesseurs et maîtres Alexandre Scarlatti et Léo, est né dans la petite ville de la Pergola, à quelques lieues de Pesaro, dans l’ancien duché d’Urbin, en 1707. Il s’appelait Jesi du nom de sa famille, et