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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/122

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12 chevaux, de 6 à 7 vaches à lait, autant d’élèves, et de 9 ou 10 bœufs à l’engrais.

En général la terre n’appartient pas aux fermiers, et les grandes exploitations se morcellent parce qu’un grand nombre de petits cultivateurs, — on les appelle en Frise koohsjers ou gnieren, — sont disposés à payer un prix très élevé pour des parcelles. Les propriétaires en profitent, et, au lieu d’un prix de 150 à 190 fr., obtiennent 200 ou 250 fr. par hectare. Il se forme ainsi, chose exceptionnelle dans la zone argileuse, une classe de locataires pauvres et presque indigens, qui dans les mauvaises années, faute de travail industriel, tombent à la charge des communes. On s’effraie à juste titre de cette situation, car elle a déjà eu pour conséquence une sorte de taxe des pauvres qui, d’après un observateur bien informé, M. Beucker André, prélèverait le dixième du revenu des terres. Quoiqu’ils n’obtiennent que des baux de sept ans, les fermiers ont fait faire à la culture des progrès très marqués. L’engrais liquide des étables est recueilli dans des fosses voûtées, ou bien dirigé vers le fumier, qu’il arrose. L’informe et massive charrue jadis traînée par quatre et même six chevaux, ou par deux couples de bœufs est remplacée par de bonnes charrues légères et fortes, que deux ou trois chevaux tirent avec facilité. L’avantage d’avoir de bonnes routes est parfaitement compris. Quoique les voies fluviales ne manquent point, les communes rurales s’imposent de lourdes charges pour empierrer les chemins, et récemment encore les trois communes du Bildt ont voté 20,000 florins pour un travail de ce genre.

Malgré les relations fréquentes avec l’Angleterre, qui font pénétrer dans les campagnes, toutes les nouveautés agricoles les plus récentes, dans les endroits reculés du pays se conserve encore plus d’une coutume nationale, et parmi celles-ci une des plus curieuses est le tesck-loaw, jadis en usage dans toute la zone argileuse de la Frise et de la Groningue. Dans cette région, la culture du colza occupe depuis longtemps une place importante; il semble que les Frisons aient apporté avec eux cette plante utile lors de leurs premières migrations dans la contrée, car on a trouvé des siliques de colza à douze pieds de profondeur dans l’un de ces terpen qui servaient de lieu de refuge aux populations primitives. Comme les graines de colza s’échappent très facilement de la silique qui les renferme, il faut battre la récolte en place sur une vaste toile à voile étendue à terre et avec un nombre d’hommes assez grand jour en finir en un seul jour avec chaque meule. Le cultivateur ne peut donc faire l’ouvrage avec son personnel ordinaire. Dès le moyen âge, on voit qu’il se présentait alors un entrepreneur muni de la grande toile et à la tête d’une brigade de batteurs, composée