Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/711

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE
THEATRE CONTEMPORAIN

Allons-nous sortir enfin de ce monotone et stérile statu quo qui pèse depuis plus de six ans sur les destinées du théâtre contemporain? Et le théâtre lui-même saura-t-il profiter de la situation nouvelle qu’on lui prépare? Dans une récente et solennelle occasion, le chef de l’état nous a donné la promesse que l’art dramatique serait bientôt débarrassé de ces entraves du privilège sous lesquelles il languit depuis si longtemps. Nous saurons enfin si nos modernes auteurs tenaient en réserve des trésors de génie, et si les plaintes qu’ils faisaient entendre étaient fondées. La maxime antique qui disait que l’homme privé de sa liberté n’est plus que la moitié de lui-même est vraie pour tous, les genres d’esclavage, et les écrivains dramatiques ou autres soumis à un régime de privilège peuvent justement réclamer contre les sévérités de leurs contemporains le bénéfice de cette triste circonstance atténuante : la diminution d’eux-mêmes sous la contrainte des entraves inséparables d’un tel régime. Si donc on veut que ces plaintes n’aient plus aucune raison d’être, et que nos auteurs n’aient plus le droit d’invoquer ces tristes circonstances atténuantes, il faut que la liberté qu’on nous promet soit aussi large que possible, et que la même mesure qui atteindra le privilège diminue les obstacles que la censure oppose à l’art dramatique.

Je ne sais si la réforme annoncée produira immédiatement tous les bons résultats qu’on en espère; mais au point où en était venue la situation de l’art dramatique, ce n’était plus que de la liberté qu’on pouvait attendre du secours. Nous ne connaissons pas l’avenir, mais nous connaissons le présent; il est vraiment intolérable et appelle un remède radical. Quels que soient ses résultats futurs,