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Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/319

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et même les pâturages qui ne sont point fertilisés par les inondations. Les fosses à purin ne sont pas encore adoptées ; cependant le fumier est l’objet des soins intelligens du cultivateur. Il y conduit les engrais liquides dont il l’arrose de temps à autre, et il y mêle de la terre extraite des fossés, des gazons disposés en couches successives, de manière à arrêter l’évaporation des gaz ammoniacaux et à empêcher l’eau de pluie d’entraîner les parties solubles. Les récoltes sont de belle apparence, le seigle surtout, qui arrive à un rendement de 18 à 20 hectolitres par hectare. Les pommes de terre sont relativement très inférieures, ce qui provient, je crois, de ce que l’on néglige le buttage, opération des plus importantes, qui, en permettant à l’air de pénétrer jusqu’aux tubercules, favorise singulièrement leur multiplication et leur développement. Le système de culture que je viens de décrire est le plus généralement suivi, et il caractérise l’économie rurale de ce district ; mais dans plus d’une exploitation on a adopté des méthodes plus avancées, notamment en introduisant la culture du trèfle et en se rapprochant de l’assolement alterne.

L’étable, d’un genre particulier désigné sous le nom de potstal, offre des dispositions dont l’imitation est peu à conseiller. Une large porte s’ouvre sur le côté du bâtiment ; quand on l’a franchie, on a devant soi une vaste aire qui sert de grange et d’abri pour les instrumens aratoires. Aux deux côtés, là où le toit de roseaux retombe sur le mur latéral, sont attachés les animaux domestiques, la tête vers l’intérieur, maintenue entre deux montans de bois. Deux petites portes placées de chaque côté de la grande donnent accès derrière les vaches, afin de les traire et d’enlever le fumier. On leur distribue la nourriture et leur boisson par l’aire de la grange. A l’inspection de ces arrangemens intérieurs, on devine aussitôt que les céréales, exposées ainsi aux émanations de l’étable, sont chose accessoire dans l’exploitation, et que le foin et par suite le beurre constituent le produit principal. C’est encore la vieille grande hutte saxonne de la Drenthe, sauf qu’on a isolé par une cloison la partie destinée à l’habitation de la famille. Pour les méthodes de culture comme pour les dispositions des bâtimens ruraux, le Salland n’a fait que modifier légèrement les traditions de l’ancienne marke. Tout autour de la ferme, des fenils volans à toit mobile, hooibergen, semblables à ceux de la Hollande méridionale, abritent le foin, duquel dépend tout le succès de l’exploitation. Sans arriver, il s’en faut, à l’opulence des riches fermiers de la région argileuse, les cultivateurs du Salland jouissent d’une certaine aisance, grâce surtout à une extrême économie inconnue de leurs frères du nord. L’intérieur de leur maison a déjà quelque élégance rustique ; la