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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 102.djvu/251

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L’administration française a tous les mérites qu’on voudra, elle a surtout l’avantage d’être un instrument aussi ingénieux que puissant, docile à tous les pouvoirs, merveilleusement combiné pour tous les services utiles ou inutiles qu’on peut lui demander. Il n’est pas moins vrai qu’au moment où nous sommes, en dépit de tous les événemens et de toutes les leçons, cette administration revient plus que jamais, si on n’y prend garde, à ses traditions d’immobilité et de routine. Au lieu de simplifier et d’expédier les affaires, elle les complique et les ralentit. Elle a aujourd’hui comme autrefois ses formalités minutieuses et décourageantes, ses habitudes lentes et obstinées qu’il est si difficile de vaincre, qu’on ne changera qu’en y mettant un peu énergiquement la main, en introduisant quelque ressort nouveau dans cette machine confuse et paresseuse. La réforme administrative, c’est là une de ces choses sérieuses et pratiques dont il faudrait s’occuper. Certes le gouvernement a déjà fait beaucoup pour l’armée, pour cette armée qui a été si justement sa première et sa plus vive préoccupation au lendemain de nos revers. M. le président de la république a trouvé là une douloureuse occasion de déployer son expérience, de satisfaire son ancienne et très noble passion pour tout ce qui touche à la grandeur militaire de la France. Il s’occupe avec une sollicitude jalouse de tous ces détails, il veille à la formation de ces camps où nos soldats vont se discipliner et puiser une instruction nouvelle sous la direction de nos plus vaillans hommes de guerre, et cependant, on le sent bien, ce qui a été fait n’est qu’un commencement. Que d’efforts patiens et persévérans il faut encore pour remettre un peu partout l’ordre, l’exactitude, le sentiment du devoir, la vigilance, pour remonter cette administration de la guerre de façon qu’elle nous épargne tout au moins des accidens comme celui de Châlons ! Voilà certes qui vaudrait mieux que toutes les préoccupations et les conversations politiques, comme celle qu’on prête à un aide-de-camp de M. le ministre de la guerre récemment en voyage à La Fère. Nous sommes à un de ces momens où l’esprit de réforme, éclairé par le malheur, doit s’efforcer de rendre à la France tout ce qui peut reconstituer son existence nationale, une administration vigilante et expéditive, une armée vigoureusement réorganisée, un enseignement plus sérieux et plus efficace. M. le ministre de l’instruction publique, il faut lui rendre cette justice, a voulu pour sa part mettre la main à cette œuvre de réformation nécessaire, et montrer son zèle : il a publié à la rentrée des classes une circulaire qui résume ses idées et ses méditations sur l’enseignement secondaire, qui est tout un programme soigneusement étudié, aussi bien coordonné que possible.

Qu’un certain mouvement de décadence se soit fait sentir dans les études en France, et que cette décadence des études, de l’éducation tout entière, ne soit point étrangère aux derniers désastres de notre