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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 99.djvu/421

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L'ECOLE CENTRALE
DES ARTS ET MANUFACTURES

La France éprouve aujourd’hui une vive passion pour toutes les questions qui se rattachent à l’enseignement. Depuis ses désastres, elle voit dans l’instruction nationale une arme qui lui permettra de ressaisir son influence et son rang. Brisée par un coup de force, elle entend dire que la supériorité de la culture intellectuelle a pu se rencontrer du côté de ceux qui ont eu la gloire de nous vaincre, elle admet du moins que notre confiance trop haute en nous-mêmes nous a trompés, et elle veut fermement qu’il n’en soit plus ainsi. L’enseignement dans toutes les branches du savoir humain, l’enseignement à tous les degrés, tel est le mot d’ordre qui circule d’un bout de la France à l’autre. On peut regretter qu’il s’y mêle parfois le ton déclamatoire de la fausse démocratie, et que l’organisation des écoles se complique de discussions politiques et religieuses dont on exagère la portée. Quoi qu’il en soit, il y a là une résolution vraiment patriotique à laquelle tout bon citoyen s’associe avec empressement.

Parmi les branches d’instruction, l’enseignement approprié au commerce, à l’agriculture et à l’industrie mérite d’occuper une grande place. Le travail assidu, la bonne conduite, l’ordinaire emploi de l’intelligence, ne sont plus les seuls agens qui mettent un capital en valeur et assurent le maximum de production. Il faut y joindre non pas seulement l’instruction vulgaire, mais encore la science, et quelquefois la science la plus élevée. Les opérations si variées de l’agriculture et de l’industrie ne peuvent plus aujourd’hui se passer de la science. Lors de l’apparition des machines, on croyait que l’intelligence et l’adresse de l’homme allaient devenir superflues, et qu’il leur faudrait abdiquer devant la vapeur. C’est