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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 99.djvu/867

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LA STATISTIQUE
DES
CHEMINS DE FER FRANCAIS

EXPLOITATION ET RESSOURCES FINANCIERES DU RESEAU

La statistique tient une grande place dans les discussions qui traitent des intérêts matériels. Le chiffre domine les argumens et les éclaire. Bien souvent, lorsque l’on a longuement disserté sur des principes contradictoires, il suffit d’un simple calcul arithmétique pour fixer les décisions. La statistique remporte ainsi de véritables triomphes, et l’idée s’incline devant elle. Il faut cependant que les chiffres qu’elle produit si volontiers soient acceptés comme exacts, qu’ils échappent à tout soupçon de partialité, qu’ils demeurent l’expression impassible et même brutale des faits observés. Dès qu’une doctrine se voit menacée d’être vaincue par les chiffres, elle les conteste ou elle les interprète à sa manière, en s’efforçant de prouver que deux et deux ne font pas toujours quatre. C’est ce qui arrive invariablement quand on discute sur la législation commerciale. Avec les mêmes chiffres, extraits des mêmes tableaux de douanes, le libre échangiste et le protectioniste prétendent démontrer des thèses très différentes ; où l’un relève une perte, l’autre aperçoit un bénéfice, et chacun des deux adversaires s’ingénie à ranger les calculs sous la bannière de son opinion. On se souvient des fréquentes batailles qui se sont livrées à ce sujet dans l’enceinte législative et dans la presse. Pour aucune discussion, l’art de grouper les chiffres n’a été pratiqué plus habilement ; jamais il n’a été fait un plus grand usage ni un plus grand abus de la