Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 99.djvu/868

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

statistique. Cela vient de ce que ces longues colonnes où se balancent les importations, les exportations, les mouvemens des entrepôts, le transit, en un mot toutes les opérations commerciales d’un pays, contiennent nécessairement des élémens incertains, d’une évaluation difficile et d’un contrôle douteux. On n’admet comme incontestables que les chiffres qui reposent sur des perceptions de droits ; le reste est livré aux appréciations les plus contraires, et pourtant, malgré des erreurs inévitables, il est certain que les débats engagés sur la législation commerciale ont été singulièrement éclairés par la statistique.

Le régime et l’organisation des chemins de fer sont en ce moment l’objet de discussions très vives. L’attaque et la défense se poursuivent avec une égale ardeur. D’un côté, l’on n’apprécie pas avec une équité suffisante les progrès réalisés ; d’un autre côté, on les exalte peut-être outre mesure. Ici encore la statistique intervient utilement. Établie en France dès l’origine des concessions et sans cesse perfectionnée par les soins du ministère des travaux publics où elle occupe un bureau spécial, la statistique des chemins de fer présente l’avantage de ne rien laisser à l’arbitraire. Ses chiffres sont certains et authentiques, car ils engagent la responsabilité de l’état devant le pouvoir législatif et celle des compagnies concessionnaires devant de nombreux intéressés. Ils indiquent jusqu’au dernier centime les sommes dépensées et les sommes reçues ; ils constatent tous les transports, et ils rendent compte d’une exploitation très compliquée, dont le voyageur, entraîné par la locomotive, ne peut apercevoir les détails. Il est nécessaire de consulter attentivement cette statistique, si l’on veut se former une opinion exacte sur l’organisation des voies ferrées. De récentes publications permettent d’aborder cette étude, qui semble aujourd’hui très opportune. Il faut, il est vrai, s’armer de courage contre les chiffres et ne pas craindre de s’aventurer dans les arides régions du calcul ; mais il s’agit de dresser en q elque sorte l’itiventaire d’une grande industrie, de l’une des branches les plus importantes de la lortune publique. En pareille matière, l’arithmétique devient intéressante. Les chiffres d’ailleuis ne sont-ils point l’apanage et presque la parure de la statistique ?


I

Au 31 décembre 1870, la longueur du réseau concédé comprenait 22,482 kilomètres, auxquels s’ajoutaient 1,763 kilomètres de chemins de fer d’intérêt local et 180 kilomètres de chemins industriels, appartenant à des particuliers ou à des usines. L’ensemble des lignes formait donc un total de 24,434 kilomètres. Nous ne