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Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 104.djvu/55

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les états. L’empereur nomme les directeurs, inspecteurs et contrôleurs, mais les agens locaux sont nommés par le gouvernement sur le territoire duquel ils exercent, satisfaction bien innocente accordée à l’esprit particulariste, qui suffit néanmoins pour exaspéreras partisans de l’unité à outrance : aussi plusieurs principautés, notamment celles d’Oldenbourg, de Saxe, de Reuss et de Brunswick, ont-elles déjà renoncé à cette prérogative. Le grand-duc de Hesse avait depuis longtemps adopté la législation fédérale, même pour ses provinces du sud, et les traités de novembre 1870 ne modifièrent point sensiblement à cet égard la situation de ses finances. Le gouvernement bavarois manifesta d’abord une antipathie absolue pour ce régime, et plus tard, par une contradiction qui ne se justifie guère, il céda sur toutes les difficultés. Quant au Wurtemberg, il avait bien formulé çà et là un certain nombre de réserves, mais le traité définitif fut rédigé de telle façon que ce petit état semblait avoir perdu précisément les droits qu’il tenait à conserver. Les diplomates prussiens se sont défendus, — probablement avec raison, — de toute pensée de supercherie, et la constitution d’avril 1871 est venue trancher le conflit en faisant au Wurtemberg une condition identique à celle de la Bavière. Le gouvernement, dans chacun de ces deux états, administre comme par le passé le service des postes et des télégraphes, nomme à tous les emplois et dispose librement des produits ; mais en cas de guerre la direction supérieure des lignes télégraphiques passe à l’empereur, en tant qu’il s’agit des intérêts militaires. De plus, le Wurtemberg est tenu dès à présent de mettre son organisation télégraphique au niveau de celle de l’empire, et de créer une télégraphie de campagne en rapport avec l’effectif de son corps d’armée.

Dans l’organisation prussienne, les postes et les télégraphes ne formaient qu’une seule direction générale, placée sous l’autorité du ministre du commerce, et les deux administrations devaient se prêter un mutuel appui. La constitution de 1866 en prononce au contraire la séparation malgré l’exemple des États-Unis et de l’Angleterre, où ce dualisme a été jugé superflu et surtout fort onéreux. Le gouvernement fédéral se proposait évidemment de donner au service télégraphique une allure plus dégagée, pour en faire l’utile auxiliaire de la stratégie, et l’on sait jusqu’à quel point il a réussi. A cette heure, la direction générale des postes constitue la première division administrative de la chancellerie ; elle a dans sa dépendance immédiate, outre les bureaux de centralisation siégeant à Berlin, trente-huit directions provinciales et l’office des postes allemandes, créé à Constantinople au commencement de 1870. Le travail de refonte et d’assimilation nécessité par les