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événemens politiques est à peine achevé ; il imposera, comme conséquence, des changemens essentiels dans les attributions du directeur-général et des organes qui lui sont subordonnés, et le gouvernement a promis, à cette occasion, d’entrer dans les voies de la décentralisation la plus large. Relativement aux bureaux, l’organisation prussienne manquait de simplicité, de plus elle coûtait fort cher à cause de son personnel exubérant, quoique mal payé. Comme il était impossible de l’étendre aux territoires annexés sans grever outre mesure le budget fédéral, on simplifia d’abord la marche du service, et plus tard on remplaça les bureaux proprement dits par des distributions modelées sur l’original français, et qui doivent être gérées par des personnes du lieu moyennant une modique rémunération. La remise des lettres à domicile, généralement défectueuse dans les nouvelles provinces, ne pouvait manquer d’appeler l’attention de la chancellerie, qui s’efforça de donner satisfaction à tous les intérêts et en même temps d’imprimer à ses créations un caractère d’uniformité qui attestât la présence d’un gouvernement fort et respecté.

D’après la constitution, le législateur de l’empire a seul qualité pour fixer l’étendue du monopole, déterminer les rapports juridiques de la poste avec les citoyens, et régler les franchises ainsi que le tarif du port des lettres. Son autorité s’applique même à la Bavière et au Wurtemberg, en ce qui touche leur tarif intérieur et leurs relations avec les autres états de l’Allemagne ou avec les pays étrangers. Les gouvernemens de Munich et de Stuttgart conservent le droit de faire des conventions avec ceux des territoires limitrophes qui n’appartiennent point à la confédération, et encore un délégué de l’empereur doit-il assister aux préliminaires des négociations, pour défendre les intérêts allemands et probablement aussi pour surveiller et rendre compte. Le parlement fédéral avait déjà voté plusieurs lois sur le monopole, les franchises et la taxe des lettres. Elles inaugurent un régime plus libéral, notamment par la restriction qu’elles apportent sur certains points au droit régalien de l’état, et par la modération des tarifs. Le monopole, en Prusse, consistait dans le privilège de l’administration pour le transport des personnes, des correspondances et des paquets, privilège absolu que fortifiaient des pénalités rigoureuses depuis l’amende jusqu’à la confiscation. Ce code a été adouci, et le monopole a été aboli pour les paquets, sauf le droit de l’administration de faire concurrence à l’industrie privée. Les partisans des idées économiques dans le parlement blâmèrent avec vivacité cette dernière réserve, comme étant de nature à compromettre les intérêts généraux du pays. Il est vrai que la législation de l’Angleterre, de