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Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 12.djvu/925

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devant les salles où se conservent les verres et les poteries de l’antiquité, du moyen âge et de la renaissance ; nous ne nous arrêterons pas plus longtemps aux monumens nationaux des âges celtique, romain et anglo-saxon, ni à la galerie ethnographique. Nous avons hâte d’arriver à cette bibliothèque, à cette salle de lecture dont les richesses attirent au musée peut-être encore plus d’étrangers que toutes les collections réunies. En 1810, 1,950 personnes avaient été admises à consulter les livres ou manuscrits de la bibliothèque ; on en a compté 106,859 en 1874. Comment s’est faite cette transformation ? Pour le comprendre, il est nécessaire de jeter un coup d’œil en arrière, de revenir rapidement sur l’histoire du musée depuis le moment où fut décidée la construction de l’édifice actuel.

Ce fut en 1829, à la veille du jour où commencèrent ces grands travaux, que sir Henry Ellis succédait à Joseph Planta comme bibliothécaire en chef (principal librarian) ou, comme nous dirions, directeur-général, position qu’il occupa jusqu’en 1856. Sous son règne, l’espace agrandi permettant et provoquant de nouveaux achats, le budget du musée grossit très vite ; en 1831, il était de 23,170 livres (579,250 francs), et, dès l’année 1841, on le trouve de 37,263 livres (931,575 francs). En 1853, il a presque doublé, il est de 66,043 livres (1,651,075 francs), dont près de 3,000 livres pour les fouilles, qu’après M. Layard, MM. Rassam et Loftus poursuivaient alors en Assyrie[1]. On devine comment, avec de pareilles augmentations de crédit, toutes les collections s’enrichirent, tous les services se développèrent. Ellis, érudit plus fécond qu’original, homme honnête, consciencieux, appliqué, mais esprit médiocre et caractère faible, fut d’ailleurs plutôt le témoin que le promoteur des progrès que réclamait et favorisait le mouvement de l’opinion. En 1831 était entré au département des imprimés, comme assistant ou adjoint, l’homme éminent qui devait succéder à Ellis et tenir dans l’histoire du musée une bien autre place que lui, Antonio Panizzi.

On n’a pas oublié, malgré la différence des temps, quel fut l’état de l’Italie pendant la première moitié du siècle, de 1815 à 1848, comment alors, dall’Alpi al mar, des gouvernemens d’ancien régime, s’appuyant tous sur l’étranger, sur l’armée autrichienne cantonnée en Lombardie, comprimaient durement les aspirations

  1. Depuis lors, ce budget n’a cessé de croître ; en 1873, il était de 102,061 livres, environ 2,550,000 francs. La somme portée pour les achats est de 24,640 livres (616,000 francs) ; mais la somme dépensée a du monter plus haut, car, l’année précédente, par suite de divers crédits supplémentaires accordés au cours de l’exercice, le total des acquisitions, pour les différens départemens du musée, avait atteint le chiffre bien plus élevé de 38,940 livres, soit 873,300 francs.