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Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 61.djvu/337

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s’assurer, dans des termes fixes, les fonds convenables au bien de son état. » Mais, voulant faire connaître à toute l’Europe « que les forces de la France sont inépuisables, si elles sont bien ménagées, » il a résolu, « pour se mettre en état de soutenir les dépenses de la guerre aussi longtemps que l’aveuglement de ses ennemis les portera à refuser la paix, » d’établir une capitation générale payable par feu ou par famille. « Si ce recouvrement réussit, il lui donnera lieu de se passer à l’avenir des affaires extraordinaires auxquelles la nécessité des temps l’a obligé d’avoir recours, et il promet, en foi et parole du roi, de faire cesser cette capitation trois mois après la paix. » Il ordonne aux intendans de chaque généralité d’arrêter des rôles conformément au tarif adopté en conseil.

Ce tarif distribue tous les Français en vingt-deux classes. Les contribuables de la première, taxés à 2,000 livres, sont : le dauphin, le duc d’Orléans, les princes du sang, le chancelier, les ministres, les gardes du trésor, les trésoriers de l’extraordinaire des guerres et de la marine, les fermiers généraux ; ceux de la seconde, taxés à 1,500 livres, sont : les princes, les ducs, les maréchaux de France, les officiers de la couronne, le premier président du parlement de Paris, les gouverneurs des provinces, les conseillers au conseil des finances, les intendans des finances, les trésoriers des parties casuelles. Pour les classes suivantes, l’impôt s’abaisse successivement à 1,000 livres, à 500 livres, à 400 livres, à 300 livres, à 250 livres, à 200 livres, à 150 livres, à 120 livres, à 100 livres, à 80 livres, à 60 livres, à 50 livres, à 40 livres, à 20 livres. La dix-huitième classe impose à 10 livres les capitaines de bourgeoisie, les commissaires aux revues, les ingénieurs des places, les recteurs et chanceliers des universités,.. etc.,.. les mesureurs de bois, les artisans des grandes villes tenant boutique et employant des garçons, partie des fermiers et des laboureurs, partie des vignerons, les maîtres d’hôtel,.. etc., et la vingtième à 3 livres seulement, les lieutenans d’infanterie, les médecins, chirurgiens, apothicaires des petites villes, les notaires des bourgs et villages,.. etc. ; .. partie des fermiers et laboureurs, partie des vignerons, les valets et les femmes de chambre,.. etc… Enfin, la vingt-deuxième et dernière classe, dont la contribution n’est que de une livre, comprend : les soldats, les cavaliers,.. les simples manœuvres et journaliers, et généralement tous les taillables à 40 sous et au-dessus qui ne sont pas compris dans les classes précédentes, les bergers, charretiers et autres valets,.. les servantes des petites villes.

Aucun Français ne sera exempt de la capitation, excepté les pauvres et les taillables dont la cotisation à la taille et autres impositions sera inférieure à 40 sous. « Les ecclésiastiques, dit le roi