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Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 61.djvu/363

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billets soit en promesses de la caisse des emprunts, qui portaient intérêt à 5 pour 100, soit en rentes sur l’hôtel de ville, en payant moitié en argent. Ces conversions éteignirent encore pour 51 millions de billets de monnaie et les réduisirent à 72 millions[1].

Leur circulation, tout en s’élevant à une somme considérable, ne s’était pas étendue, depuis leur origine, hors de Paris, et elle y avait causé une crise monétaire d’autant plus grave qu’elle y était concentrée : on vit le change des provinces sur Paris monter parfois jusqu’à 60 pour 100. Il parut donc opportun de combiner les mesures prises pour diminuer la masse des billets avec l’extension de leur circulation dans les provinces et avec la défense générale et absolue de les comprendre pour plus d’un quart dans les paiemens. (Déclaration du 12 avril 1707). La première de ces dispositions, que l’intendant de Lyon combattait avec vivacité depuis plus de deux ans, souleva des réclamations si nombreuses et si pressantes que le contrôleur-général, toujours hésitant, l’ajourna d’abord (11 mai) ; mais quelques mois après (18 octobre), il en prescrivit définitivement et énergiquement l’exécution[2].

La défense de comprendre les billets pour plus d’un quart dans les paiemens provoqua les plaintes des débiteurs ; ils voulaient pouvoir acquitter la totalité de leurs engagemens avec ces valeurs dépréciées. Chamillart était cette fois résolu à ne pas céder, et il le témoigna en termes expressifs quand il chargea (le 1er décembre 1707) Desmarets de dire à ceux qui n’exécuteraient pas la déclaration « que le premier qui serait capable de l’oublier et qui serait pris en contravention, quand même la preuve ne serait pas complète pour lui faire son procès, serait mis dans une dure prison et chassé des affaires pour le reste de ses jours[3]. »

Pendant les trois années 1705-1706-1707, les billets de monnaies, ceux de la caisse des emprunts, ceux des receveurs et des fermiers-généraux, ceux que les trésoriers de l’extraordinaire des guerres et de la marine commencèrent à émettre pour assurer leurs services quand ils ne recevaient pas des fonds suffisans, furent la principale ressource du trésor pour subvenir à toutes les dépenses, et particulièrement à celles des armées ; il ne restait sur les impositions que quelques restes non encore engagés ; et les affaires

  1. Déclarations des 26 octobre et 27 novembre 1706 et 2 janvier 1707. Les 72 millions de billets restant durent être présentés à l’hôtel de ville pour être échangés contre de nouveaux titres signés par le prévôt des marchands et un syndic ; on voulait garantir ainsi que la quantité de ces billets ne serait plus augmentée.
  2. Correspondance du contrôleur-général avec les intendans, t. II, no 741, 1081, 1104, 1231, 1233, 1234, 1235, 1237, 1241, 1242, 1244, 1250, 1334, 1345.
  3. Ibid., no 1357.