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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/108

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MA CAPTIVITÉ

qui sans raison, sous le moindre prétexte, se font un plaisir de les rouer de coups ; l’impunité leur est assurée, car ils sont les maîtres.

Après la mort d’un voleur, on déclare qu’il est mort de maladie, on l’enlève, on le dépose dans la chambre aux cadavres et, la nuit suivante, les gens chargés de la voirie, le prennent et vont le jeter dans un bois, en dehors des remparts. Le cachot des voleurs, c’est la plus frappante image de l’enfer qui soit sur la terre. Ils sont presque nus, été comme hiver. Une petite tasse de riz sans assaisonnement fait le matin et le soir, toute leur nourriture ; aussi ceux qui arrivent forts et bien portants, sont comme des squelettes au bout de vingt jours.

Les prisonniers pour dettes ou pour autres motifs que que le vol sont moins maltraités ; on les désigne sous le nom de Tcha-Kal, terme qui s’applique à tous les prisonniers qui ne sont pas voleurs ; ils peuvent communiquer avec leurs parents et amis, recevoir leur nourriture du dehors (la prison ne les nourrit pas), ils mènent même joyeuse vie, font bombance, sous les yeux des voleurs affamés. Ceux que j’ai vus étaient pour la plupart des employés du gouvernement, ils restaient jusqu’à ce qu’ils eussent payé la dernière sapèque.