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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/107

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DANS LES PRISONS DE SÉOUL.

celle des prisonniers pour dettes et la nôtre, où les chrétiens étaient en majorité. Chacune de ces catégories occupaient un local spécial.

Les voleurs sont les plus à plaindre. Ils étaient une trentaine, les pieds passés dans les ceps jour et nuit, tous atteints de maladies ; la gale les dévore, leurs plaies tombent en pourriture, ils souffrent la faim, ce sont des cadavres ambulants, quelques-uns n’ont que la peau sur les os, à peine peuvent-ils faire quelques pas quand, au milieu du jour, on leur permet de sortir ; c’est le spectacle le plus horrible qu’on puisse imaginer ; il faut avoir vu cette misère pour s’en faire une idée. On fait ce que l’on peut pour les tourmenter et les abrutir. Il leur est défendu de dormir ; pendant la nuit, les gardiens armés de gros bâtons les surveillent, et si, emporté par le sommeil, la fatigue, quelqu’un vient à s’assoupir, aussitôt le gardien le réveille à coups de bâton sur le dos, les jambes et la tête. Que de fois pendant la nuit nous avons entendu les coups que ces forcenés, souvent ivres, administraient à de pauvres malheureux, qui n’avaient qu’un souffle de vie et qui souvent expiraient sous les bâtons de ces barbares !

Jour et nuit, ils sont à la merci de ces êtres plus semblables à des tigres qu’à des hommes