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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/114

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MA CAPTIVITÉ

prit une bonne tournure ; le danger disparut et bientôt la malade entra en convalescence. Je n’ai jamais pu lui parler, mais bien des fois j’ai eu l’occasion d’admirer son caractère, sa piété, sa confiance en Dieu, et la justesse de son esprit. Son mari, qui passait pour païen, pouvait non pas la voir mais lui parler par l’ouverture qui sert de passage aux immondices des lieux d’aisances ; le geôlier lui accordait cette faveur. Nous avons pu aussi recevoir quelques provisions, avoir quelques nouvelles du dehors, mais jamais de la chrétienté.

Les deux autres femmes étaient de pauvres vieilles assez âgées. Toutes trois avaient été appliquées à la torture.

Une quatrième était morte de la peste, deux jours avant mon arrivée dans ce cachot. C’était Catherine, femme du vieux Marc, catéchiste de la capitale, mis à mort en 1866. Dénoncée par le traître Hpi Paul, son neveu, qu’elle avait élevé, elle fut arrêtée en même temps que nous. Il y avait cinq ou six jours que j’étais arrivé, lorsqu’on vint enlever son cadavre qui avait été oublié, pour l’emporter ; on le plaça dans une chaise à porteurs. Un gardien vient dire en riant : « De ce corps il ne reste plus que les os, les rats et les belettes l’ont tout mangé. » Et les