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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/115

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DANS LES PRISONS DE SÉOUL.

autres d’ajouter : « C’est une drôle de chose et vraiment bien juste que les belettes mangent ces coquins de chrétiens. » Les chrétiens, au contraire, récitaient des prières pour la pauvre défunte, chacun pouvait penser que bientôt il suivrait la même route.

C’est là que j’ai eu le bonheur de vivre, pensant bien y mourir, pour la plus grande gloire de Dieu. Si j’ai souffert beaucoup pendant ces jours de captivité, j’ai été consolé bien souvent par la vue de nos chrétiens. Doux, patients, tranquilles, saisissant l’occasion de rendre service à tout le monde, il ne leur échappait jamais une injure ni une mauvaise parole.

Dès le matin, ils commençaient leur journée par la prière, ils priaient et méditaient pendant le jour, et le soir, quelquefois pendant la nuit, ils faisaient encore de longues prières. On prie bien en prison. Dieu semble plus présent, et l’on connaît mieux son propre néant.

Pour employer mon temps, je m’étais fait un règlement, et ainsi je pouvais faire tous mes exercices, ordinairement sans être dérangé. Je disais la messe en esprit et j’y assistais de la même manière ; je n’avais pas de bréviaire, j’y suppléais par le rosaire, ayant bien soin de cacher mon chapelet que l’on aurait pu m’enlever.