Aller au contenu

Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/130

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
122
MA CAPTIVITÉ

de la salive du côté de la porte, et cela avec le plus grand sérieux du monde.

À cette occasion, disons quelques mots des sorcières que j’eus l’occasion de voir.

En coréen on les appelle Mastang. Leur fonction est de tirer la bonne aventure, mais surtout de chasser les maladies par toutes sortes de superstitions ; on les appelle principalement pour la petite vérole. Elles arrivent avec tout leur bagage, des habits de couleurs diverses, un tambour qu’elles frappent en récitant des formules, d’abord sur un ton lent, bientôt accéléré ; puis elles s’arment comme les anciens guerriers, d’un sabre dont la lame est de bois argenté, taché d’une couleur rouge qui imite le sang ; elles s’élancent, frappant l’air à droite et à gauche, vont, viennent, crient, hurlent en sautant, et lorsqu’elles sont épuisées, le mauvais génie doit être expulsé. Il prit un jour fantaisie au préfet de police de chasser, je ne sais pour quel motif, toutes les sorcières de la capitale. Quelques-unes se cachèrent et, en secret, pendant la nuit, exercèrent leurs fonctions qui sont assez lucratives. Mais les satellites se mirent à leur poursuite et en arrêtèrent un certain nombre ; j’en ai vu une quinzaine, on les laissait généralement sept ou huit jours en prison et on les renvoyait ensuite.