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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/131

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DANS LES PRISONS DE SÉOUL.

Toutes furent déposées successivement dans notre cabanon. En arrivant, c’étaient des lamentations, des pleurs, un chagrin qui allait jusqu’à leur faire refuser toute nourriture ; mais elles n’étaient pas longtemps à se remettre, et comme elles pouvaient se procurer ce qu’elles voulaient par le moyen de leurs familles, elles faisaient généralement bombance. Généreuses du reste, elles partageaient avec les chrétiennes ce qu’elles recevaient. Elles m’offrirent même plusieurs fois du vin de riz… mais je refusai ; le vieux Jean, qui n’avait pas les mêmes raisons, put accepter ainsi quelques tasses de vin qui lui firent du bien. J’en ai vu de toutes sortes, de vicilles, de jeunes, de tristes, de gaies, etc…, les unes ayant assez bonne tenue, les autres d’un grand laisser-aller. Mais pour toutes, quel contraste avec la simplicité, la modestie de nos chrétiennes qui, par leur charité, gagnaient la bienveillance, l’affection de ces femmes toujours en guerre entre elles.

J’eus aussi l’occasion de voir dans la prison quatre saltimbanques ou comédiens : c’étaient des êtres hideux, dégradés, passant leur temps à jouer. Les prisonniers pour dettes étaient nombreux, à cette époque ; en tout, le nombre des détenus s’élevait à soixante-cinq.