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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/132

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MA CAPTIVITÉ

Le lundi 13, vers quatre heures, un employé apporta la corde à étrangler et la suspendit devant nos yeux à la porte de l’usine à exécution.

Évidemment on allait commencer. Pour qui était-ce ? Je me tins prêt à donner une dernière absolution à nos chrétiens, à mesure qu’ils passeraient ; je me préparai moi-même à passer. Dans quelques instants, je pouvais échanger cette prison pour le ciel, voir Dieu, la sainte Vierge, les anges, les saints, posséder un bonheur sans limites, sans fin ! Quels moments solennels !

Vers cinq heures, le chef geôlier entre dans notre cabanon et s’asseyant, il nous dit tout à coup :

— Quelle catastrophe ! on vient de recevoir l’ordre d’étrangler ce soir Kim-tjyo-si.

Kim-tjyo-si était un employé du gouvernement chargé de recueillir les impôts de sa province. Ses comptes présentaient plus de 100.000 francs de déficit. Depuis deux mois il était en prison, et malgré sa grande fortune, il ne put réussir à payer sa dette au gouvernement. Le juge, ennuyé d’attendre, après l’avoir mis plusieurs fois à la torture, venait de donner l’ordre de le mettre immédiatement à mort. En quelques instants, les préparatifs sont faits ; le geôlier