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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/135

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DANS LES PRISONS DE SÉOUL.

entendait ce cri sinistre des valets qui introduisaient de nouveaux prisonniers, mais cette impression douloureuse était compensée assez souvent par le cri joyeux des mêmes valets annonçant qu’un prisonnier était mis en liberté. Dans ce dernier cas, on félicitait l’heureux mortel. Puis par un retour bien naturel, chacun pensait à soi et cette délivrance donnait de l’espoir.

Lorsqu’un prisonnier riche sortait, il faisait ordinairement cadeau de quelques boisseaux de riz aux pauvres voleurs. Alors, il y avait un grand gala à la prison ; le cuisinier était un voleur, et dans ces circonstances il ne manquait jamais d’offrir un sacrifice.

Ce sacrifice, il y avait parmi les prisonniers à l’aise des gens qui le faisaient à tous les repas. Voici en quoi il consistait : Quand on apportait la table de riz, le cuisinier en prenait une cuillerée qu’il remettait à un employé, celui-ci allait déposer ce riz près d’une peinture (que je n’ai pas vue) dans l’intérieur du cachot des voleurs ; puis il en prenait une seconde qu’il allait jeter à tour de bras à travers les barreaux de la chambre des exécutions ou des cadavres, en récitant une formule ou prière adressée au diable de l’endroit « Faites qu’un tel sorte bien vite… » Quand le sacrifice était général, il criait : « Faites