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MA CAPTIVITÉ

plus haut. Cependant il y a une différence dans le costume ; aujourd’hui ils sont habillés en bourgeois ou plutôt en nobles, de beaux habits de soie, le large chapeau civil, surmonté d’un bijou, espèce de petite statue en jade appelée Ok-non ; ils tiennent leur éventail à la main et, tranquillement assis, fument dans de longues pipes le bon tabac des provinces du Nord.

Les deux rangs de satellites ne se composent guère que de chefs, les hommes aux longs bâtons rouges sont absents, on ne me lie pas de la corde rouge. Les satellites me regardent avec un petit air de protection et comme un sourire d’amitié. Que peut-on bien me vouloir, de quoi s’agit-il ? Je m’étais présenté croyant aller au supplice, et tout m’annonce que je me suis trompé. Si enfin on allait m’accorder la liberté de religion, nous permettre de demeurer dans le pays, de prêcher, etc… c’est trop beau ! Mille pensées me traversent l’esprit en peu d’instants ; mais tout se passa à l’intérieur, car pour l’extérieur je demeurai impassible comme un vrai coréen.

On me fit asseoir sur le paillasson au milieu de la cour, les deux juges me considéraient, le premier prit la parole et me dit :

— Comment est ta santé ? As-tu souffert beaucoup ? Comme tu es changé !