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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/179

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DANS LES PRISONS DE SÉOUL.

« Qu’est-ce qu’il a dit ? » Alors un porteur se détachait, allait lui rapporter mot pour mot le sujet de l’entretien et de l’hilarité commune.

M’étant aperçu que notre mandarin n’était pas cavalier, je lui offris de changer ; il refusa d’abord, mais il vint ensuite de lui-même me demander si vraiment je voulais accepter son cheval pour que lui pût monter en chaise. Me voici donc à mon tour monté sur le petit cheval coréen, avec tous les airs d’un mandarin du pays en mission pour son gouvernement. C’est une méprise pour tout le monde et les porteurs disaient : « Quand l’Européen est à cheval, personne ne le reconnaît, il y a beaucoup moins de curieux. » Plus tard, étant malade, je ne pus céder autant que je l’aurais désiré, ma chaise au mandarin qui paraissait fatigué.

— Cela vous fatigue sans doute d’aller à cheval ?

— Oh ! non, mais j’ai peur.

Ce qui cadre difficilement avec le dicton coréen qu’on m’a plusieurs fois répété en route pour caractériser la Corée et le Japon : « la Corée se distingue par la bravoure de ses hommes, le Japon par l’habileté de ses ouvriers. » Et mon mandarin militaire qui avait peur de monter sur un petit cheval !