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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/181

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DANS LES PRISONS DE SÉOUL.

votre visage ! un grand bonheur m’était réservé sur mes vieux jours ; je puis mourir maintenant, j’ai vu la figure d’un de ces hommes vénérables qui ont tout quitté, qui s’imposent mille peines, mille fatigues pour venir nous enseigner une belle doctrine. Ce sont des saints, j’ai vu la figure d’un saint !

J’étais stupéfait de ce préambule, je serrais vivement et affectueusement la main de ce bon vieux qui ne cessait de parler. Se tournant vers les porteurs qui assistaient à la scène, il leur dit :

— C’est un homme comme il n’y en a pas chez nous, il n’est venu ici que pour nous instruire ; ce n’est pas du tout comme, le prétendent quelques-uns, pour s’emparer de notre pays, leur but est uniquement de nous enseigner une belle doctrine. Et nous autres, Coréens, nous les maltraitons ; à la capitale, on les a pris, on les a mis à mort ; quel malheur pour notre pays où l’on tue ainsi des hommes qui ne veulent que notre bien ! Quelle fureur, quelle injustice ! Jamais ils n’ont fait de mal à personne, ils sont ornés de toutes les vertus ; oh ! que notre gouvernement est cruel et aveugle !

Les porteurs le regardaient ébahis et, souriant, semblaient dire : c’est vrai.