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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/186

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MA CAPTIVITÉ

compacte ; je vois les satellites qui, armés de bâtons et pleins de zèle, se mettent en devoir d’écarter tout le monde. Je m’empressai de dire au mandarin qui m’accompagnait :

— Tous ces gens désirent me voir, laissez-les donc tranquilles, surtout empêchez les satellites de les frapper ; à quoi bon, nous pourrons toujours passer en allant doucement.

Aussitôt le mandarin s’écrie : « Ne frappez pas, l’Européen ne veut pas qu’on frappe le peuple. »

Nous avançons ainsi au milieu de la foule qui nous accompagne, nous traversons la plage et nous montons dans les grandes barques plates qui nous attendaient. C’était un spectacle curieux de voir tout ce peuple échelonné sur la grève, ces enfants qui se mettent à l’eau, pour me voir de plus près, ils entourent notre bateau et sou- rient amicalement nous montrent deux rangées de dents blanches ; d’autres se sont élancés dans des pirogues formées d’un seul tronc des grands arbres de la forêt, ils les manœuvrent, avec grâce et agilité, sur cette belle rivière qui coule calme et tranquille. Tout ce peuple, c’est mon peuple, ce sont nos enfants ; Notre-Seigneur, par l’entremise du vénéré pontife Pie IX, me les a confiés, me les a donnés, et je les abandonne !