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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/30

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Mgr RIDEL.

je ne savais où, chercher un refuge. André, mon maître de maison, m’accompagnait avec sa femme, ses enfants et un certain nombre de chrétiens. Le soir même Tsin-pat était envahi par les satellites de la capitale, avec ordre précis d’arrêter l’Européen qui y résidait habituellement et toutes les personnes à son service.

« Après avoir changé plusieurs fois de retraite et dépensé tout ce que je possédais à nourrir les chrétiens qui m’avaient accompagné, j’ai été obligé d’en renvoyer le plus grand nombre, et je suis venu me réfugier dans un petit hameau au milieu des montagnes. J’ai couché quinze jours à côté d’un homme qui avait la fièvre typhoïde, et à la moindre alerte, à chaque visite que recevaient mes hôtes, je me cachais sous un tas de bois. C’est là que le mardi de Pâques, j’ai appris la mort de Mgr Daveluy. Le soir, les enfants d’André causaient entre eux de cette triste nouvelle. J’entendis Anna, sa fille aînée, âgée de douze ans qui disait à ses jeunes frères :

« — On va bientôt venir prendre le Père avec papa et maman ; on nous emmènera, on nous dira aussi : Renonce à la religion ou bien je vais te faire couper en morceaux. Que ferons-nous ?

— Moi, dit le plus grand, je dirai : Faites