pat. Il y avait une rivière à traverser. Un courrier du gouvernement se présente en même temps que nous pour passer. J’entre le dernier dans le bateau et me tourne à l’avant pour ne pas être reconnu. La conversation s’engage.
« — Moi, dit un païen, au courrier, je reviens de Tiei-tchen pour l’affaire de ces coquins d’Européens que l’on a pris à la capitale. Y en a-t-il aussi à Tiei-tchen ?
« — Oui, répondit le courrier, il y en a deux, j’ai porté l’ordre de les prendre, et ils ont été arrêtés.
« Et il se mit à les décrire si bien, que je reconnus facilement qu’il s’agissait des PP. Pourthié et Petitnicolas. Mes chrétiens effrayés ne soufflaient mot ; j’essayais de faire bonne contenance.
« Le premier interlocuteur ajouta :
« — A-t-on arrêté aussi leurs femmes ?
« — Ils n’en ont pas.
« — Et comment font-ils leur ménage ?
« — Ah ! je n’en sais rien. Allez leur demander.
« Cette réflexion fit rire les chrétiens et empêcha de remarquer leur tristesse trop visible. Arrivé à Tsin-pat, je donnai les sacrements à quelques personnes, je fis enterrer tous mes livres et effets, et je partis le 12 mars, pour aller,