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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/34

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Mgr RIDEL.

quelle ne fut pas leur frayeur lorsque, le soir, ils ne virent plus autour d’eux que l’immensité des mers ! Un vent furieux se déchaîna ; nous essuyâmes une violente bourrasque et, pendant deux heures, nous eûmes toutes les peines du monde à maintenir notre navire.

« Figurez-vous une petite barque tout en sapin, les clous en bois, pas un seul morceau de fer dans sa construction, des voiles en herbes tressées, des cordes en paille. Mais je l’avais appelée le Saint-Joseph ; j’avais mis la sainte Vierge à la barre et sainte Anne en vigie.

« Le lendemain point de terre ; le troisième jour nous rencontrâmes des barques chinoises ; le courage revenait au cœur de mon équipage, mais le calme nous surprit. À la nuit nous eûmes encore un coup de vent qui dut nous pousser fort loin dans la bonne direction, le vent soufflait par soubresauts de droite à gauche ; la mer se gonflait et frappait les flancs de la barque ; on ne pouvait voir à deux pas dans l’obscurité, et il tombait une pluie torrentielle. J’admirai le courage de mon pilote ; il resta toute la nuit au poste, ne voulant pas céder sa place avant que l’orage ne fût passé et tenant fidèlement la direction que je lui avais donnée.

« Enfin le vent cesse, les nuages se dissipent ;