lui. C’est alors que, d’un commun accord, ils décidèrent que l’un d’entre eux devait gagner la Chine pour faire connaître les désastres de la mission, et travailler, s’il était possible, à y porter remède. Le P. Ridel fut désigné pour ce voyage ; il obéit aussitôt et quitta en pleurant sa chère mission de Corée.
« Nous fîmes préparer une barque, écrit-il, ce qui nous coûta des peines extrêmes ; enfin le jour de la Saint-Pierre je quittai de nouveau le P. Féron. Les satellites étaient de tous les côtés, gardaient toutes les routes ; les douaniers étaient plus vigilants que jamais, et les soldats de la capitale mettaient les barques en réquisition pour transporter les matériaux destinés à la construction d’un nouveau palais : tout autant de périls qu’il fallait éviter.
« J’étais caché au fond de mon petit navire monté par onze chrétiens résolus, et nos craintes furent grandes pendant trois jours que nous naviguâmes à travers les îles qui bordent la côte ; mais Dieu vint à notre aide, et le sang-froid de mon pilote nous tira d’affaire. Enfin nous gagnâmes le large ; j’avais apporté une petite boussole ; j’indiquai la route pour filer en mer sur les côtes de la Chine. Mes pauvres marins n’avaient jamais perdu la terre de vue ;