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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/43

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Mgr RIDEL.

jours sans résultat, ne découragèrent pas le vaillant évêque.

Enfin, Dieu exauça ses vœux. En 1876, il put faire entrer en Corée deux de ses missionnaires, et au mois de novembre de l’année suivante, il eut ineffable consolation de les y rejoindre, avec deux autres prêtres.

« Mais, hélas ! s’écrie-t-il, dans quel triste état j’ai trouvé cette pauvre mission ! Des milliers de fidèles ont disparu, victimes de cette cruelle persécution que nos chrétiens disent être la plus terrible de toutes celles qui ont sévi jusqu’ici. Les uns sont morts dans les tourments, égorgés, étranglés, etc. ; d’autres, ont été vendus comme esclaves et emmenés on ne sait où. Ceux que nous voyons sont dans le plus misérable état, et pour le corps et pour l’âme. Obligés de fuir, de se cacher, ils ont perdu tout ce qu’il possédaient : leurs champs, leurs maisons ; ils n’ont plus rien pour vivre. J’ai vu un chrétien qui, avant la persécution, était riche, il avait une grande maison et vivait dans le luxe. À la persécution, il a tout perdu, il s’est retiré sur une montagne, et depuis douze ans, vit de pommes de terre qu’il cultive lui-même. Une jeune fille de douze ans voit les satellites entrer dans sa maison, prendre ses parents, les lier et les