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Mgr RIDEL.

emmener pour les faire mourir ; effrayée, elle s’enfuit avec son frère âgé de huit ans. Tous deux bientôt fatigués de la marche, souffrant de la faim, souffrant du froid, s’arrêtent sous un arbre. Quelques jours après, on les a trouvés : la petite fille tenait son frère dans ses bras, comme pour le réchauffer et le défendre de la dent du tigre, tous deux étaient morts gelés. Et de cette façon sont mortes des centaines pour ne pas dire des milliers de personnes.

« Ici, je me tiens caché, entouré de païens de tous côtés ; je ne puis parler qu’à voix basse, et quand je sors pour administrer les chrétiens, ce n’est qu’au milieu des ténèbres de la nuit. Jusqu’ici aucun accident ne nous est arrivé ; la divine Providence nous protège d’une manière sensible. Que la sainte volonté de Dieu soit faite ! Si je suis jugé digne de souffrir pour son saint nom, en ce moment je me souviendrai de mes amis et, comptant sur l’appui de leurs prières, je prierai aussi pour tous. »

Ce jour de souffrance, entrevu par Mgr Ridel, ne devait pas tarder.

Trois mois à peine s’étaient écoulés depuis l’entrée de l’évêque en Corée, lorsque les chrétiens, qui apportaient le courrier d’Europe, furent arrêtés à la frontière. Sous les coups ils firent