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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/72

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MA CAPTIVITÉ

et payèrent eux-mêmes le chauffage. L’un me donna cinq sapèques pour acheter du tabac ; un autre un petit peigne, dont j’avais grand besoin. Déjà j’étais devenu l’ami de tous, ils ne tarissaient pas lorsque entre eux ils faisaient mon éloge :

— Comme il est doux, simple, poli, affable, juste ! Et les anciens disaient : « Mais, ils sont tous ainsi, l’évêque Berneux, Daveluy et les autres Pères, que nous avons vus, étaient tous ainsi ; ces Européens sont vraiment vertueux, ce n’est pas comme nous, Coréens ; au lieu de le mettre à mort, on ferait bien mieux de le renvoyer dans son pays ; ce sont plutôt ces coquins qui vont les chercher qu’il faudrait tuer ; sans eux certainement ils ne pourraient pas entrer dans le pays. »

Le 5 février, il se fit un grand bruit dans le prétoire ; on ne voulut ni me laisser voir, ni me dire ce dont il s’agissait. Je compris bientôt que c’étaient des prisonniers qu’on amenait ; j’entendis même des soupirs ; c’étaient comme des voix d’enfants qui gémissaient. La pensée que ce pouvait bien être des chrétiens me vint naturellement, et le lendemain, je n’eus plus de doute, quand j’entendis le juge crier assez haut : « As-tu étudié près de l’Européen ? »