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Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/76

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MA CAPTIVITÉ

— Mais si l’on te renvoie, tu ne partiras donc pas ?

— Si on me renvoie de force, je serai bien obligé d’aller où l’on me conduira.

— Mais où te conduire ? Si l’on te mettait en Chine, comment ferais-tu ?

Jusqu’à ce moment je n’avais pas parlé de mon passeport chinois, parce que je le jugeais inutile pour la Corée, je trouvais le moment favorable de l’exhiber.

— Si vous me renvoyez en Chine, je serai peu embarrassé parce que j’ai un passeport qui me permet d’aller dans tout le pays de Leao-tong.

— Fais voir.

Je le lui présentai, il le lut et me le rendit sans avoir l’air d’y faire attention.

— Ça, c’est inutile pour ici.

— Oui, je sais que c’est inutile ici, c’est pourquoi je n’en ai pas parlé jusqu’ici, mais en Chine, avec ce passeport, je puis obtenir la protection des mandarins chinois.

Il l’avait cependant bien examiné et se hâta d’en parler, car le lendemain on vint, de la part du grand juge, me demander mon passeport, pièce qui fit un peu sensation ; on m’en parla même dans un interrogatoire, et enfin on oublia de me le rendre.