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MA CAPTIVITÉ DANS LES PRISONS DE SÉOUL.

Pokio ; mais les gens habitués ne s’y trompent guère. Pour se faire reconnaître, en cas de besoin, les satellites ont toujours sur eux une plaque en bois, demi circulaire, appelée Htong-pou, sur laquelle sont inscrits des caractères et un cachet ; ils la portent suspendue à la ceinture du pantalon, par une courroie en peau de cerf.

Leur autorité est très grande, personne n’oserait leur résister, à l’exception des nobles qui les méprisent et quelquefois les font maltraiter, mais alors même ils trouvent toujours le moyen de se venger sur le peuple, et malheur à ceux qui, en de telles circonstances, tombent entre leurs mains. Ils sont à craindre quand ils ont une vengeance personnelle à exercer, ou lorsqu’ils veulent s’emparer des biens de quelques gens riches ; ils savent toujours se tirer d’affaire et, à défaut de raisons, ils emploient la torture et tourmentent leurs victimes sans règle ni mesure. On parlait dès le début de me renvoyer dans mon pays ; un chef vint même me dire un jour :

— Si l’on te renvoyait dans ton pays, où faudrait-il te conduire ?

— Conduisez-moi où vous voudrez, vous savez bien que je ne désire qu’une chose, c’est qu’on me permette de rester en Corée, pour y enseigner la doctrine chrétienne.