Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
84
MA CAPTIVITÉ

de quarante à cinquante ans ; celui de gauche, Ni-Kyeng-ha, le juge de Mgr Berneux et de nos autres confrères, célèbre par ses nombreuses exécutions en 1866-68, paraît avoir soixante ans ; il a des yeux de tigre, une figure allongée, sévère et féroce, qui indique le mépris et la cruauté ; il ne rit jamais, n’écoute aucune supplication, aucun conseil, et veut seul décider par lui-même.

Les juges sont assis, tous les assistants se tiennent debout, prêts à exécuter les ordres de leurs chefs, ou plutôt du chef, le juge de gauche ; car lui seul prend la parole, lui seul donne des ordres ; le juge de droite ne semble être que son aide.

En arrivant, après avoir jeté un coup d’œil sur tout cet entourage, je me tiens debout. Les satellites me crièrent :

— Mets-toi à genoux.

Je restai debout ; alors de tous côtés les satellites, les bourreaux me crient :

— Mets-toi à genoux, à genoux, à genoux !…

Même immobilité. Le juge regardait tout ce tapage, alors il me dit :

— Assieds-toi à ton aise.

De tous côtés satellites et bourreaux me disent avec une figure souriante, comme si l’ordre était venu d’eux ;