Aller au contenu

Page:Ridel - Ma captivité dans les prisons de Séoul, 1901.pdf/96

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
88
MA CAPTIVITÉ

en appuyant sur chaque syllabe ; le juge essaya bien inutilement une fois d’articuler ce mot, il y aurait perdu sa dignité en insistant. Mais les autres voulant à toute force le prononcer, il me fallut encore le répéter plusieurs fois, toujours avec le même succès. Je ne pouvais m’empêcher de rire, et je leur expliquai que ce nom étant français, a des sons différents de ceux de la langue coréenne.

— Mais toi, tu prononces bien les mots de la langue coréenne !

— D’abord, je ne les prononce pas bien, puisque quelquefois vous avez de la peine à me comprendre ; ensuite, il m’a fallu beaucoup d’étude et d’exercice ; dans les commencements, il y avait des mots que je ne pouvais pas prononcer.

Après cette interruption, le juge reprit :

— Pourquoi, étant sorti une première fois, es-tu revenu ?

— Le batelier voguant sur la mer et surpris par la tempête, va se mettre à l’abri dans quelque port ; puis, la tourmente passée, il se remet en mer ; ainsi j’ai fait.

Le juge se mit à sourire en disant à demi-voix :

— Oh ! ce n’est pas la même chose. Qu’es-tu venu faire ?