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Page:Roy - Guillaume Couture, premier colon de la Pointe-Lévy, 1884.djvu/130

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VI

Il arriva alors ce qui arrive toujours. Le danger commun rassembla ces hommes en une étroite union. Dans chaque paroisse, les colons composèrent une communauté qui avait ses officiers et son administration particulière. Tout était réglé sur le pied de guerre, de façon que la population valide de chaque canton formait, à elle seule, le contingent d’une compagnie, ayant son chef désigné d’avance et prêt à marcher au premier signal. Tous les habitants en état de porter les armes étaient soldats. On dirait d’une grande famille militaire, organisée comme autrefois les petites marches et les grandes manses germaniques du Moyen Âge. Le capitaine de milice était choisi par les colons eux-mêmes. Il faut qu’un Canadien soit convaincu de la valeur de son capitaine pour qu’il lui obéisse, dit la Potherie[1]. Avec un chef connu ces braves gens pouvaient faire des prodiges. En 1775, la population des campagnes refusa de marcher parce qu’on lui avait envoyé des officiers pour les commander. « Laissez-nous choisir nos chefs, comme du temps des Français, disaient-ils, et nous irons au combat. »

  1. Tome I ; page 39, Hist de l’Am. Sept.