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Page:Roy - Guillaume Couture, premier colon de la Pointe-Lévy, 1884.djvu/137

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tiers des Édits et Ordonnances réglementent sur les honneurs à rendre dans la colonie. Les registres et les mémoires manuscrits du temps sont remplis du bruit de ces chicanes oiseuses.

Chaque haut personnage avait sa petite cour où la foule des courtisans cherchait à nouer et à défaire des intrigues. La moindre des cérémonies avait son programme. Pour les feux de la Saint-Jean, par exemple, une ordonnance statuait à qui, de quelle façon et combien de torches seraient présentées.

Ces distinctions de haut goût s’étendaient à tous les échelons de la hiérarchie. C’est Colbert qui écrit à Frontenac pour lui expliquer pourquoi il ne doit pas le traiter de monseigneur, mais seulement de monsieur[1]. On discute gravement, dans plusieurs mémoires, si les officiers, dans un défilé de troupes devant le gouverneur, doivent saluer de la pique ou si cet honneur n’est dû qu’aux princes ou maréchaux de France[2]. Que dire des querelles à propos de la présidence du conseil ? Le gouverneur veut avoir le pas sur l’intendant, celui-ci traite de haut les conseillers. Le militaire jalouse le

  1. Lettre du 14 mars 1675. Manuscrits.
  2. P. 602. Manuscrits