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Page:Roy - Guillaume Couture, premier colon de la Pointe-Lévy, 1884.djvu/148

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plumitif. Rien que dans sa conformation on peut saisir l’embarras de celui qui en fut l’auteur.

Certes, ce n’était pas la première fois que le civil avait maille à partir avec le religieux. La rivalité de l’Église et du gouvernement, l’année précédente encore, avait fait éclater le procès fort bruyant de l’abbé Fénelon. Mais cet ecclésiastique avait été mis aux arrêts, pendant qu’il était au conseil et qu’il s’obstinait à refuser de répondre aux interrogations.

Aujourd’hui, il s’agissait d’aller appréhender au corps un ecclésiastique, dans sa propre résidence, et de lui faire traverser les rues de la ville entre deux recors.

Tempérament bilieux, esprit autoritaire, Frontenac avait pu se laisser emporter lorsqu’il vit l’abbé de Fénelon se couvrir en sa présence pendant qu’il présidait le conseil. L’abbé Morel avait décliné respectueusement la juridiction du conseil : il n’avait point fait d’éclat. Ses nombreuses missions lui avaient attiré l’estime et le respect. Que dirait Mgr de Laval, alors en voyage en France, à son retour, en apprenant le traitement que l’on avait fait subir à un prêtre de son séminaire ?