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Page:Roy - Guillaume Couture, premier colon de la Pointe-Lévy, 1884.djvu/171

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alors un esprit de chicane assez remarquable. Nos ancêtres, venus pour la plupart de Normandie, voulaient conserver la réputation de plaideurs, acquise aux Normands de temps immémorial[1]. Que faire pendant nos longs hivers à moins de plaider ? L’on s’acquittait de son devoir, paraît-il. Un chercheur de statistiques nous dit, par exemple, que du 26 septembre 1663 au 23 août 1664, il n’y eut pas moins que 424 causes dans la seule juridiction de Québec, pour une population d’à peu près 1500 personnes. C’est-à-dire qu’il y eut presque un procès pas quatre habitants[2].

La justice, sans doute, se rendait d’une façon paternelle. Mais, avec une autorité aussi étendue que celle qu’ils possédaient, les juges pouvaient parfois ignorer la loi et oublier l’équité. Les plaideurs en appelaient souvent de leurs sentences au conseil Souverain. Nous pouvons dire que les justiciables de Couture semblent avoir été satisfaits de son administration. En effet, on trouve aux registres du conseil qu’une seule plainte contre lui. On l’accusait d’avoir

  1. S’il faut en croire la légende, nos braves cousins normands font suivre, dans la prière du soir, l’oraison dominicale de l’invocation suivante : Mon Dieu je ne vous demande pas de bien, mettez moi seulement à côté de quelqu’un qui en possède. Ceci doit être une vilenie de parisien.
  2. Dans la Minerve du 16 août 1884.