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voulu dire étant encore dans mon pays : Va-t-en, mon neveu ; prends un canot et retourne à Québec. Mon esprit n’aurait pas été en repos ; j’aurais toujours pensé et repensé en moi-même : Ne s’est-il point perdu ? En vérité, je n’aurais pas eu d’esprit, si j’eusse agi de la sorte. Celui que vous avez renvoyé seul a eu toutes les peines dans son voyage. »

À la parole succède la pantomime.

Il représente les fatigues et les dangers que le prisonnier libéré a rencontré pendant son voyage solitaire. Il prend un bâton, le met sur sa tête en guise de paquet, puis le porte d’un bout de la place à l’autre. C’est ainsi que dans les rapides, il a dû transporter son bagage pièce par pièce. Il va et revient pour peindre les tours et retours de son compatriote ; il s’échoue contre les pierres, il recule plus qu’il n’avance dans son canot ; il ne peut le pousser seul contre les courants ; il perd courage, puis reprend ses forces. « Encore, ajoute-t-il, si vous l’eussiez aidé à passer les sauts et les mauvais chemins et puis vous arrêtant et pétunant si vous l’eussiez regardé de loin vous nous auriez consolés : mais je ne sais où était votre pensée, de renvoyer ainsi un homme tout seul dans tant de