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Page:Roy - Guillaume Couture, premier colon de la Pointe-Lévy, 1884.djvu/50

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en entendant ma parole. Mon cœur n’a rien de mauvais, je n’ai que de bonnes chansons en bouche, nous avons des tas de chansons de guerre en notre pays, nous les avons toutes jetées par terre, nous n’avons plus que des chants de réjouissance. »

Et, là-dessus, il se mit à chanter, et ses compatriotes répondirent. Il se promenait dans la place comme dans un théâtre ; il faisait mille gestes, il regardait le ciel, il envisageait le soleil[1], il frottait ses bras comme s’il eut voulu en faire sortir la vigueur qui les animait en guerre. Après avoir bien chanté, il remercia le gouverneur de ce qu’il avait sauvé la vie à un de sa tribu ; mais il se plaignit de ce qu’on l’avait renvoyé tout seul dans son pays : si son canot se fut renversé, si les vents l’eussent fait submerger, s’il eut été noyé, vous eussiez longtemps attendu le retour de ce pauvre homme abîmé et vous nous auriez accusé d’une faute que vous-même auriez faite.

Prenant un collier et l’attachant au bras de Guillaume Couture : « C’est ce collier, dit-il, qui vous ramène ce prisonnier. Je ne lui ai pas

  1. Relations des Jésuites.