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Page:Séché - Les Muses françaises, I, 1908.djvu/26

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LES MUSES FRANÇAISES

Et la douce et tendre épouse se met à pleurer sur la triste fin de cette adorable fille qui possédait l’amour de son seigneur et maître.

Or une belette ayant ressuscité une autre belette à l’aide d’une fleur rouge qu’elle avait été cueillir dans le bois, la dame, qui a vu ce miracle, s’empare de la fleur rouge et la pose sur la bouche de la jeune princesse qui ne tarde pas à revenir à elle.


« Dieu, fait-elle, que j’ai dormi ! »
Quand la dame l’ouït parler.
Dieu commence à remercier.
Lui demande qui elle était
Et la pucelle répondait :
« Dame, je suis en Logres née.
Fille d’un Roi de la contrée.
Moult ai aimé un chevalier,
Eliduc, le bon Soudoyer.
Avec lui il m’a emmenée.
De me tromper a fait péché
Femme il avait, ne me le dit.
Ni jamais supposer ne fit.
Quand de sa femme j’ouïs parler.
Du deuil que j’eus, je me pâmai…
Vilainement m’a conseillée
Et en autre terre laissée.
Il m’a trahie, las, je le vois
Bien est folle qui homme croit. »


Mais la dame la rassure. Jamais Eliduc n’a cessé de l’aimer


« Il pense que vous êtes morte,
A merveille se déconforte,
Chaque jour vous a regardée
Quoiqu’il vous ait trouvé pâmée.
Je suis son épouse, vraiment
Moult ai pour lui mon cœur dolent
De la douleur qu’il avait.
Savoir voulais où il allait
Après lui vins, et vous trouvai.
Que vive êtes, grande joie ai
Avec moi vous emmènerai.
Et à votre ami vous rendrai. »