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Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/210

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Mme AMÉLIE MESUREUR




Mme Mesureur, qui signa d’abord de son nom de jeune fille Amélie de Wailly, est Parisienne, elle est née non loin du Luxembourg, dans la vieille et longue rue du Cherche-Midi.

Mme Mesureur, poète et prosateur, a une originalité : à une époque où l’enfant tient une si petite place dans les productions des écrivains féminins, — dans ses livres, l’enfant a presque uniquement ses soins. Elle écrit pour lui et de lui, son œuvre entière, elle la lui a consacrée. Les jeux, les caprices, les espiègleries, les premiers sourires et les premiers pas de l’enfant, sa joie et ses pleurs — voilà le sujet de ses poésies toutes pleines d’un art très simple, toutes pleines surtout d’une exquise tendresse. Mme Mesureur est véritablement le poète de l’enfance et, comme elle est mère, je ne pense pas qu’il puisse y avoir un plus beau titre pour une femme.

Que dire de son discret talent qui n’ait été dit cent fois et beaucoup mieux que je ne saurais faire. François Coppée a écrit, dans la préface de Nos Enfants, un des premiers recueils de Mme Mesureur :

« Ces vers-là — en même temps qu’ils sont de très bons vers — sont bien ceux d’une fem’n3 aimante, d’une excellente mère, qui aime ses enfants et tous les enfants, qui leur parle et qui en parle avec une émotion sincère, profonde, partie du cœur et destinée à aller aux cœurs. »

De son côté, Alexandre Dumas fils dit dans la préface à Rimes Rosfs :

« Après avoir lu tous ces vers pimpants, frais, clairs, il ni’a semblé, madame, que vous étiez non seulement un poète, mais un philosophe, dans le bon sens du mot, en même temps qu’une personne heureuse, ayaat cherché et trouvé le bonheur là où il est sûrement, dans le bien. Tout votre livre respire la sécurité des jours loyalement remplis par l’incessante sollicitude de la mère, par le travail, les jeux et les baisers des enfants. »

C’est bien cela, en effet, et Mme Mesureur le confesse volontiers — ces vers, ces poésies, dont le premier mérite est la simplicité, sont bien l’œuvre d’une femme heureuse, heureuse parce qu’elle a fait noblement, avec piété et tendresse, son devoir dans la vie, et pour qui, en juste retour, la vie n’a pas été trompeuse : « Je voulais, dit-elle, des rimes, des enfants et des fleurs. Mes deux enfants sont tels que mon désir les apercevait. J’ai fait des vers, j’ai dit mes joies de jeune maman, dans mes poèmes J’ai tenté de dépeindre mes enfants, et je ne sais plus si ce ne sont pas mes enfants qui ressemblent à mes poèmes. »

Tout le cœur de Mme Amélie Mesureur est là — et, son corur, c’est son talent.

BIBLIOGRAPHIE. — POÉSIE. — Nos Enfants, préface de François Coppée, mentionné par l’Académie française, Lemerre, Paris, 1885, in-18. — Rimes roses, préface d’Alexandre Dumas fils, couronné par l’Académie française, prix Archon Dospérouses, Lemerre, Paris, 1895, lji-18. — Gestes d’Enfants, préface de Paul Deschanel, couronné par